Histoire
- La manufacture
- La technique
- Une histoire italienne
- L′insoutenable légèreté de l′art
- Design et maîtrise du geste
L’établissement de production des Céramiques Rometti a son siège à Umbertide (province de Perugia) depuis 1927, année de sa fondation. La terre d’Ombrie constitue depuis toujours l’humus vital d’une production artisanale qui ne se limite pas à de belles pièces, mais a l’ambition de laisser une empreinte marquante et originale dans le panorama de la céramique contemporaine. La manufacture Rometti a été la première en Italie, au début des années trente, à se dégager de la tradition figurative néo-Renaissance et du Liberty tardif et à intégrer les innovations des avant-gardes artistiques et du design international. Des œuvres de très haute qualité sont ainsi nées, vases, assiettes ou sculptures, d’un intérêt fondamental pour l’histoire de la céramique européenne et d’énorme valeur pour le collectionneur d’aujourd’hui. Œuvres à la figuration stylisée, parfois visionnaire, joyeuse et bizarre, créées par des artistes de la stature de Corrado Cagli, Dante Baldelli, Mario Di Giacomo, Giacomo Balla et Fortunato Depero. L’activité de la maison Rometti ne s’est jamais interrompue jusqu’à aujourd’hui, bien qu’elle ait affronté la seconde guerre mondiale et des vicissitudes industrielles qui ont réduit sa structure de production. Elle a néanmoins maintenu intacte sa vocation artistique, liée au design et à l’apport de collaborateurs d’excellence, ajoutée à l’excellence reconnue de sa maîtrise artisanale. Monica Pioggia, Umberto Raponi et quelques professeurs de l’Università del Progetto de Reggio Emilia ont collaboré avec la Manufacture à la fin des années quatre-vingt-dix.
Aujourd’hui Rometti peut se prévaloir de stylistes appréciés comme Monica Pioggia – déjà citée – et le fameux designer Ambrogio Pozzi, concepteur des accessoires de cuisine qui ont valu à l’entreprise d’Umbertide le Prix Critica ’97 au M.A.C.E.F. de Milan. De sa collaboration avec l’artiste anglaise Liliane Lijn sont nés des vases et des sculptures inspirés par le dynamisme de l’art cinétique. Sa notoriété et le prestige qu’elle a acquis ont valu à la Manufacture Rometti des partenariats prestigieux avec la Chambre des Députés italienne, la Bibliothèque Nationale de Florence, les Archives centrales de l’Etat, Eurochocolate et Umbria Jazz. Parmi les grands groupes internationaux qui passent commande à la Manufacture figurent B&B, Scavolini, Aboca, Kemon, mais aussi BMW Mini Cooper et Babingtons.. Le rôle significatif de Rometti dans le panorama culturel de l’Ombrie a incité la commune d’Umbertide, en janvier 2011, à débloquer les fonds nécessaires à la mise en œuvre du Musée local de la Manufacture : l’acquisition de 160 pièces historiques contribue à faire apprécier du grand public un patrimoine fondamental de l’art de la céramique italienne.
L’utilisation de techniques de production complexes et raffinées, différentes suivant les caractéristiques du produit à réaliser : en faïence ou en poterie vernissée, en grès ou en porcelaine. Pour les maïoliques, par exemple, on utilise une façon ancienne de faire la céramique, propre à Rometti depuis l’origine : les objets, formés rigoureusement au tour et à la main, sont peints et ornés « à fresque » avant de commencer les cuissons, avec un enduit spécial qui donne un éclat authentique et de la profondeur aux couleurs et aux décors. Les pâtes préparées sur place avec des matières premières très pures permettent de réaliser des porcelaines extrêmement fines. L’argile naturelle provient d’une carrière locale, dont les origines remontent à la période romaine. A l’atelier les différentes phases de production requièrent toujours des opérations manuelles hautement spécialisées : façonnage, modelage, coulage, émaillage par immersion ou aspersion et peinture. La réalisation des objets, jamais parfaitement identiques, exclusivement à la main, garantit un produit de haute qualité.
Les Céramiques Rometti naissent en 1927 à Umbertide (Perugia) sous le nom d’« Ars Umbra », appellation qui trouve sa source dans un territoire culturel et productif parmi les plus féconds d’Italie. Fondée par Settimio Rometti, homme de haute compétence dans le domaine de la céramique mais doué aussi d’esprit d’entreprise et de sens artistique, l’usine voit le jour dans une période, les années vingt, de médiocre confort économique, qui favorise un artisanat agréable au goût des classes possédantes. Secondé par son neveu, Aspromonte Rometti, et par Dante Baldelli, Settimio poursuit un plan ambitieux : produire des objets qui soient des synthèses d’art, d’artisanat et de production industrielle, en phase avec les nouvelles tendances d’application du design international. Elève de l’Académie des Beaux-Arts à Rome, Dante Baldelli savoure l’atmosphère artistique de la capitale vivifiée par le Futurisme triomphant et rencontre Corrado Cagli et Mario Di Giacomo, deux artistes qui auront l’occasion d’expérimenter la céramique à Umbertide dans la plus totale liberté d’inspiration et de langage. Naissent ainsi des formes nouvelles et des figures sculptées, des vases, des lampes et des plats gravés ou peints qui sont des pièces uniques ou à tirage limité. Le climat artistique des avant-gardes européennes souffle dans les sculptures stylisées ou esquissées de la Douleur ou de la Salomé de Di Giacomo et dans le Santon ou l’Icare de Cagli. Le noir fratta, un émail aux reflets métalliques semblable aux vernis automobiles, se prête à des thèmatiques plastiques suggestives, tandis que des silhouettes pour l’essentiel noires se détachent sur des lignes droites ou concentriques dans les célèbres vases et services de Baldelli, chargés de références symboliques à la terre d’Ombrie.
L’usine d’Umbertide aborde sa meilleure période et témoigne d’un alignement idéologique vis à vis de la politique dominante, qu’elle exprime dans d’artistiques têtes de Mussolini et dans des objets d’une grande pureté graphique et formelle. Settimio Rometti est maire socialiste d’Umbertide en 1920 et 1921, mais son frère Clotide, à la même époque, s’exile à Nice où il a la possibilité d’accueillir des réfugiés italiens, dont Nenni et Pertini qui travaille comme maçon dans un de ses chantiers de construction. Entre 1928 et 1930 l’usine, qui utilise indifféremment les marques « Ceramiche Rometti » et « Ars Umbra », réalise quelques céramiques d’après des dessins de Giacomo Balla et Fortunato Depero. A la fin des années trente la collaboration avec Cagli prend fin, tandis que commence celle avec le peintre Giovanni Ciangottini. Très vite après, la firme obtient d’importantes reconnaissances pour le caractère moderne et expérimental de sa production, comme la Médaille d’Or à l’Exposition internationale de Nice (1931), tandis qu’elle participe à la Foire du Levant de Bari et à celle de l’Artisanat de Florence (1932). L’entreprise, qui obtient des prix également à la Triennale de Milan (1933), affronte par la suite une période difficile qui culmine dans la faillite de 1934. Passée par des péripéties variées, y compris la sortie momentanée de Settimio et Aspromonte Rometti et de Dante Baldelli, la société porte diverses appellations et collabore en tant que « S.A.C.R.U. » (Société Anonyme des Céramiques Rometti Umbertide), de 1938 à 1942, avec le sculpteur Leoncillo Leonardi. De 1942 à 1947 coexistent deux entreprises, la « S.A.C.R.U. » et la « Rometti Settimio Fabbricazione Ceramiche Artistiche », qui ouvre dans l’immédiat après-guerre un établissement rue Tiberina.
A la suite du retrait de Settimio Rometti en 1962, la firme passe à son associé Pietro Finocchi et de celui-ci à son petit-fils Dino, qui confie, dans les années soixante, la direction technique et artistique de la manufacture à Massimo Baldelli, céramiste de réputation internationale. Les Céramiques Romettiont pu s’enorgueillir, ces quarante dernières années, de multiples reconnaissances et collaborations prestigieuses. Pierre Cardin, Guzzini avec la série « Pomona », Rosenthal pour le service de bord des avions Alitalia et de nombreuses marques internationales bénéficient du savoir faire de cette entreprise, riche d’un patrimoine fondamental pour l’histoire de la céramique italienne et européenne. Rometti a produit récemment des vases-sculptures d’un grand effet visuel, comme la série Koans (Cônes) de l’artiste anglaise Liliane Lijn, dont les œuvres figurent dans les collections publiques et privées les plus prestigieuses du monde. Et c’est à Ambrogio Pozzi, designer de renom et collaborateur historique de la Manufacture, que l’on doit les collections Presenze et Jazz, énigmatiques et subtilement allusives, et la série Venus, condensé de sensualité et de naturel.